mercredi 13 mars 2019

Antimatière et gravitation : une affaire lourde de conséquences

La prochaine conférence de la section Lorraine de la Société Française de Physique aura lieu



Mercredi 20 mars, 14h00
Amphi 5 de la Faculté de Sciences et Technologies de Nancy

Giovanni Manfredi  (Institut de Physique et Chimie des Matériaux de Strasbourg) présentera une conférence sur le thème
 
Antimatière et gravitation : une affaire lourde de conséquences


Le concept d’antimatière – un monde miroir, identique, mais opposé, au nôtre – a toujours exercé une certaine fascination sur les auteurs de science-fiction, depuis le vaisseau spatial Enterprise de la série Star Trek (propulsé à l’antimatière) jusqu’au roman Anges et Démons de Dan Brown, où le Vatican risque d’être pulvérisé par une réaction d’annihilation matière-antimatière. Pourtant, nos connaissances sur l’antimatière ne sont pas nouvelles. Déjà en 1928, le physicien britannique Paul Dirac prédisait l’existence d’une particule identique à l’électron, mais dotée de charge positive. Cet anti-électron, nommé par la suite positron, fut découvert expérimentalement en 1932 par l’américain Carl Anderson en étudiant les traces de rayons cosmiques. Depuis, on est capable de produire en laboratoire des anti-protons, des anti-neutrons, voire même, depuis 1995, des atomes d’anti-hydrogène. En juin 2011, l’expérience ALPHA du CERN a annoncé qu’elle avait réussi à piéger un millier d’atomes d’anti-hydrogène pendant plus de 16 minutes – une durée de vie suffisamment longue pour que l’on commence à étudier en détail les propriétés de ces anti-atomes.
Une question, en particulier, taraude les physiciens : est-ce que l'antimatière tombe à la même vitesse que la matière ordinaire, ou se comporte-t-elle différemment ? Voire même, tomberait-elle vers le haut plutôt que vers le bas, comme la matière ordinaire ? En dépit de nos connaissances de longue date sur l’antimatière, cela n'a jamais été mesuré directement par des expériences. Toutefois, deux nouvelles expériences du CERN – ALPHA-g et GBAR – vont à présent commencer leur exploration en vue de répondre à cette question. Même une petite différence entre l’accélération de gravité de la matière et de l’antimatière constituerait un résultat lourd de conséquence pour la physique fondamentale. De surcroit, si l’on observait une gravité répulsive pour l’antimatière (correspondant à une masse négative pour cette dernière), cela aurait des répercussions importantes sur plusieurs notions de la cosmologie moderne, telles que la matière et l’énergie noires.
Bref, même si l’antimatière ne nous permet pas encore de voyager dans l’espace ni (heureusement) de produire des bombes hyperpuissantes, elle pourrait bientôt nous aider à répondre à des questions fondamentales sur la nature de notre univers. Et c’est bien le but de la science !

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